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Patrimoine culturel et historique

Le Village de Sainte-Lucie

Situé au cœur d'une nature sauvage et préservée, Sainte-Lucie a su conserver au fil des siècles le caractère des villages typiques de Lozère avec sa petite église romane du XIIème siècle et ses maisons de granit au toit de lauze.

Une situation géographique d’exception

A 1100 m d’altitude, à 9 km au nord de Marvejols, Sainte Lucie surplombe de près de 400 m à l’est, les gorges de la Crueize (ou de l’Enfer), à l’ouest, la route départementale D809. En face à l’est, le plateau de Fraissinet et d’Espère, distant de moins de 1500 m à vol d’oiseau mais de plus de 12 km si l’on y va par la route. Plus loin le signal de Randon et le « truc de fortunio » plus loin encore, vers le sud-est, le Goulet et le Mont Lozère. A l’ouest, l’Aubrac, au nord le Roc de Peyre et la terre de ce nom.

Qui était Sainte-Lucie ?

Il est malaisé de faire l’historique de Sainte Lucie car les documents d’archives à son sujet sont rares et fort peu explicites. On peut faire deux suppositions :

  • Le bois qui couronne ce haut lieu était dans l’antiquité une sorte de temple de la Nature où officiaient les Druides et que les Romains, à leur arrivée en Gaule, ont reconnu comme tel, en lui affectant le mot latin Lucus qui signifie « le Bois Sacré »
  • Ou bien encore, ces mêmes Romains y édifièrent un sanctuaire dédié à la divinité Lucine.

On représentait Lucine en costume matronal, avec une fleur dans la main droite et un enfant sur le bras gauche, la tête parfois couronnée de dictame, plante supposée favorable aux accouchements. Elle avait un temple à Rome dans lequel, à la naissance de chaque enfant, les parents payaient un droit pour grossir les trésors de la déesse. On célébrait en son honneur, tous les ans, des fêtes durant lesquelles des hommes couraient chez les femmes romaines et leur frappaient le ventre avec une peau de chèvre semblable à celle que l’on disait habiller la déesse Junon, elle-même protectrice souveraine de la famille.

Lucine, transposition latine de Heraphosphoros ou « lumineuse », très en honneur chez les Grecs était une divinité spécifiquement romaine : elle assurait la bonne délivrance des mères et l’heureuse naissance des enfants. La racine de son nom vient est le mot latin Lux qui signifie « Lumière » parce qu’en effet elle présidait à l’instant où les enfants voient le jour pour la première fois.

Les Gaulois, dit-on, lançaient du haut du plateau, des cercles de bois enflammés qui dévalaient les pentes et achevaient de se consumer dans le fond de la vallée aujourd’hui dénommée « Vallée de l’Enfer » sans que l’on sache bien s’il s’agit d’une référence à cette étrange coutume incendiaire, rituelle sans doute du culte de Feu.

Sainte Lucie apparaît pour la première fois dans les annales écrites de l’an 1140, à l’occasion d’un hommage rendu à Astrog de Peyre par Montmajour, seigneur de Sainte Lucie. Les seigneurs de Peyre étaient très puissants dans cette partie du Gévaudan et comptaient de nombreux vassaux. Bons chefs militaires, grands bâtisseurs, ils appuyaient leur souveraine autorité sur tout un appareil de forteresses, bastions, maisons fortifiées, garnisons, etc…. Plusieurs d’entre eux furent évêques de Mende, ce qui renforçait encore le prestige et la fortune de la Famille. Le plus illustre des Seigneurs de Peyre est resté dans l’histoire locale sous le nom du « Grand César ». On lui doit le superbe château de la Baume, commune de Prinsuéjols, proche d’ici, surnommé le «Versailles du Gévaudan».

Rien n’interdit de penser que les Romains, séduits par la belle santé des Gaulois du coin, ont souhaité régénérer leur sang décadent au moyen de fécondes unions, tout en fournissant le « repos du guerrier » à leurs troupes valeureuses. Ils auraient placé cette pépinière de petits Gallo-Romains, bruyants et suceurs de pouce, sous l’égide de la bonne Lucine.

La forteresse de Montmajour avait nom « Chastel-Lux » ou « Chastelus ». Il n’en reste rien aujourd’hui. Elle se dressait sur le terre-plein herbeux, à l’emplacement de l’actuelle croix de granit. Un examen superficiel du terrain suggère de vagues traces circulaires pouvant évoquer des fondations circulaires (tours ? donjons ?). Quoi qu’il en soit, une raison de sécurité amena, comme à l’accoutumée, les éléments d’une population à se regrouper sous la protection de ce « chastel lux ». En effet en ces temps de guerres permanentes, le paysan, dans la campagne, était exposé, ainsi que ses récoltes et son bétail, à toutes sortes de dangers et il venait chercher refuge dans l’enceinte des murailles dès qu’elles étaient élevées : il était suivi en cela par tout un menu peuple également menacé. A cette protection temporelle et musclée, il convenait d’adjoindre celle de la Providence. Sitôt donc qu’une agglomération s’était formée en un point, une église était bâtie et une paroisse était fondée. Cette église était dédicacée à un Saint et par extension, le nom de ce saint devenait très fréquemment celui de la paroisse. Dans le cas présent, on n’alla pas chercher bien loin, puisque Lux ou Lus il y avait, pourquoi ne pas s’adresser à Sainte Lucie ? Au 17ème siècle, le monument était trois fois plus grand que celui que nous contemplons actuellement.
La seigneurie passa à la famille de Recoux, hommagère des Seigneurs de Peyre. La forteresse, par suite d’un sort contraire, avait disparu ; la paroisse, elle, demeurait, livrée aux vents de toute nature, dont les moindres ne furent pas ceux de la Réforme et de la Révolution de 1789. L’église fut réduite à l’état où nous la voyons de nos jours, modeste, mais fort gracieuse, justement proportionnée aux dimensions actuelles du hameau.
Un escalier extérieur aux marches de granit conduit à son joli clocher à deux baies superposées. La nef est séparée par deux pilastres, avec abside semi-circulaire. Eclairée seulement du côté sud, la voûte actuelle est un simple lambris. Un cordon subsiste à la base des voûtes. A l’extérieur, le portail s’ouvre sur la nef du côté sud, sous un porche. L’abside à sept pans extérieurs, est de style roman ; elle est couronnée de modillons sculptés représentant, entre autres figures, des têtes d’animaux.

Les maisons du hameau sont en granit avec de belles toitures en « lauze ». Elles sont caractéristiques des constructions rurales en Gévaudan au XVIe et XVIIe siècle. Près du cimetière se trouve une admirable grange en « carène renversée », longue de 25 m et large de 8 m, dont la charpente en bois descend jusqu’au sol ce qui est exceptionnel. En terre de Peyre on trouve fréquemment des granges de ce modèle ; le Gévaudan ayant fourni bon nombre de marins à la France, une tradition veut que d’anciens charpentiers de la marine royale aient construit ces charpentes.
Attenant à cette grange, une belle habitation du XVIIe siècle a été restaurée tout récemment. On l’appelait « la maison des Evêques » ; elle avait appartenu, en effet, à deux prélats : Mgr Nègre, archevêque de Tours et son parent du même nom, archevêque de Sibistra. De nos jours on l’appelle « la Maison de Maître ». (Gîte de France).

Les tanières du Gévaudan

Dormir
avec les loups